L'art du vitrail
en France et en Europe depuis le Moyen-Âge

 
Vitrail de la cathédrale Notre-Dame de Chartres. La Vie de Charlemagne : Charlemagne entouré par ses cavaliers et l'Evêque Turpin. 1200-1215. Crédit : Alfredo Dagli Orti/Photo12

         Dès l'Antiquité les Romains utilisaient déjà le verre blanc pour fermer les vides des claustras et les ouvertures de leurs maisons. Quant au vitrail coloré et figuratif, on constate qu'il existait déjà dans les édifices chrétiens chez les Mérovingiens et les Carolingiens. L'art du vitrail parvient en Europe à son apogée lors du grand mouvement de construction des cathédrales, à partir du 12e siècle. Avec les progrès de l'architecture, les tailles des fenêtres augmentent et les vitraux se font plus grands et majestueux. Petit à petit, les peintures murales sont délaissées au profit des vitraux : la lumière qui transperce les scènes bibliques devient le symbole de la présence divine. Après avoir été boudé pendant quelques siècles, le vitrail coloré revient au goût du jour au 19e siècle, période qualifiée de "renaissance du vitrail". Aujourd'hui l'art du vitrail est aussi bien présent dans les édifices religieux que dans la sphère profane, et de nombreux artistes contemporains se sont appropriés les techniques ancestrales.
Au 12e siècle
Les plus anciens vitraux
L'austérité cistercienne
Vitrail daté de 1100 représentant le prophète Daniel. Cathédrale d'Augsbourg, Allemagne.
Photo12/imageBROKER


Les cinq vitraux du mur sud de la nef de la cathédrale de la Visitation d'Augsbourg (Allemagne) sont considérés comme les plus anciens encore en place (1100).
Détail d'un vitrail de l'abbaye cistercienne de Heiligenkreuz (Autriche). Photo12/Alamy


Parallèlement au développement d'une iconographie riche dans la conception des vitraux, les Cisterciens voulurent rompre avec ce raffinement - accusé de détourner de la méditation - et prônèrent la mise en place de vitraux incolores, à motifs simples et géométriques.
Le siècle des cathédrales : l'avènement des vitraux
La cathédrale de Chartres
Notre-Dame de Paris
Vitrail de la façade de la cathédrale de Chartres. A droite : Généalogie du Christ. Au centre : La vie du Christ, de l'Annonciation à l'entrée à Jérusalem. A droite : Histoires de la Passion et de la Résurrection du Christ. 1200-1215. Alfredo Dagli Orti/Photo12

Les vitraux de la cathédrale Notre-Dame de Chartres sont aujourd'hui considérés comme l'un des ensembles les plus complets et les mieux préservés de l'époque médiévale. Ils sont notamment célèbres pour la translucidité du "bleu de Chartres".
 
Silhouette d'un priant en marbre d'Albert de Gondi devant l'une des 120 verrières de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. 2008. Photo12/Alamy



La cathédrale de Notre-Dame de Paris est éclairée par plus de 120 verrières datées du 12e au 20e siècle, véritables chefs-d'œuvre de l'art gothique. Les trois roses (ouest, nord et sud) toujours en place datent du 13e siècle. Malgré leur aspect médiéval, les 18 vitraux du cloître datent de la restauration de l'édifice par Viollet-le-Duc au milieu du 19e siècle.

 
La Sainte-Chapelle à Paris
Vue de la Chapelle haute de la Sainte-Chapelle à Paris. Photo12/Alamy

Véritable joyau du gothique rayonnant, la Sainte-Chapelle à Paris, voulue par Louis IX, présente 15 verrières de 15 mètres de hauteur et 1 113 scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament.


 








 
Les plus belles roses et rosaces
Rose nord de la cathédrale Notre-Dame de Chartres. Détail de La Glorification de la Vierge entourée de juges, de rois, des grands prêtres d'Israël et des prophètes de l'Ancien Testament. 1200-1215
Alfredo Dagli Orti/Photo12


Symbole de la majesté des cathédrales, les roses (le terme "rosace" s'emploie pour parler de la baie ajourée dans une façade, celui de "rose" correspond au vitrail lui-même) deviennent monumentales au Moyen-Âge et sont un témoignage aujourd'hui indispensable de l'excellence des bâtisseurs de l'époque gothique.
 
La petite révolution du vitrail : le jaune d'argent
Vitrail du 15e siècle réalisé à la grisaille et rehaussé de jaune d'argent. Prieuré de Great Malvern, Worcestershire, AngleterrePhoto12/Alamy

Au 14e siècle, alors que la technique du vitrail n'a pas beaucoup évolué depuis ses débuts au 12e siècle, apparaît le jaune d'argent. Mélange de sels d'argent appliqué au pinceau puis coagulé lors de la cuisson, il permet pour la première fois d'ajouter de la couleur sans avoir à séparer la pièce par un plomb. Le jaune d'argent est alors utilisé pour colorer en jaune les chevelures, les couronnes, les sceptres et autres éléments que l'on veut rehausser.
L'évolution du style au 15e siècle
Exemple de l'évolution des techniques du vitrail au 15e siècle. A gauche : détail d'un sertissage en chef d'œuvre, où une pièce de verre apparaît au milieu d'une autre, sans être jointe au réseau de plomb du panneau. Au centre : fond d'un vitrail décoré de motifs floraux ou damassé. A droite : utilisation nouvelle de la perspective dans la représentation d'une scène. Crédits : Heritage Images, Alamy et Alfredo Dagli Orti
 
Au 15e siècle, l'art du vitrail s'enrichit de nouvelles couleurs (violet, sanguine, camaïeu), de perspectives, de motifs inédits (damassé d'inspiration orientale), et de techniques ingénieuses (sertissage en chef d'œuvre).
Le vitrail de nos jours
Cathédrale de Reims, vitraux de Marc Chagall
Eglise St-Maximin de Metz, vitraux de Jean Cocteau
Rose au-dessus de la scène d'Abraham et du Christ. Vitrail de la cathédrale Notre-Dame de Reims, conçu par l'artiste français Marc Chagall en 1974. Photo12/Alamy
Vitrail de l'église Saint-Maximin de Metz conçu par Jean Cocteau en 1962. 
Photo12/Alamy


 
La chapelle du Rosaire à Vence, vitraux de Henri Matisse
Abbatiale de Conques, vitraux de Pierre Soulages
Vitraux aux motifs végétaux de la chapelle du Rosaire dessinés par l'artiste Henri Matisse en 1951. Photo12/Alamy
Vitraux non colorés et translucides de la façade de l'abbaye Sainte-Foy-de-Conques conçus par l'artiste Pierre Soulages en 1994.
Photo12/Alamy

 
Eglise du St-Sépulcre à Abbeville, vitraux d'Alfred Manessier
Eglise St-Léopold am Steinhof, vitraux de Koloman Moser
Détail d'un vitrail coloré de l'église du Saint-Sépulcre à Abbeville, conçu par Alfred Manessier entre 1982 et 1993.
Photo12/Alamy
Détail d'un vitrail Art nouveau de l'église d'Otto Wagner (Kirche am Steinhof) conçu par Koloman Moser en 1904. Photo12/Alamy


 
Cathédrale de Notre-Dame-de-l'Apparition de Brasilia, architecte Oscar Niemeyer
Dôme en vitrail de la cathédrale Notre-Dame de l'Apparition de Brasilia conçue par l'architecte Oscar Niemeyer. Photo12/Alamy
 

 
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