Née Katherine Ann White aux États-Unis en 1930, Cuchi White est initiée très jeune à l’image par sa fréquentation des musées, puis influencée par les photographes de la FSA, génération issue de la grande commande photographique lancée par le New Deal de Roosevelt pour témoigner de la crise des années 1930. Fascinée par la grande rétrospective Edward Weston au MoMA en 1946, elle intègre le Bennington College, une université avant-gardiste réservée à cette époque aux femmes, et participe à 18 ans à la dernière exposition de la Photo League présentée au MoMA en 1948-1949. En 1952 elle décide de quitter les États-Unis pour l’Europe, où elle retrouve à Florence l’artiste italien Paolo Boni qui deviendra son époux. En 1954 ils s'installent définitivement à Paris. La reconnaissance arrive avec son travail sur les trompe-l’oeil, exposé à Arles en 1980, puis la publication de "L’Oeil ébloui", son premier livre publié aux éditions du Chêne en 1981 et préfacé par Georges Perec. Son regard, forgé en arpentant les musées et d’innombrables palais, villas et jardins, nous renvoie, comme le dit si bien Françoise Denoyelle, à la « magie du musée ». Les images de Cuchi White interrogent les faux-semblants, se jouent des plans et des genres ; elles témoignent, par les traces du passé inscrites dans la matière du présent, de l’empreinte du temps. Ses miroirs trompeurs, jeux optiques, et ses hasards ludiques nous renvoient à l’impermanence du réel. À la suite de son décès l’année 2013, les archives de Cuchi White ont été sauvegardées et rassemblées par sa fille Carla Boni, qui depuis, reconstruit le cheminement de la photographe et permet ainsi au public d’accéder à la connaissance de cet héritage majeur.
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